Les cancers de la bouche touchent plus de 11 000 Français par an, autant que le cancer du pancréas. Dans 70% des cas, ces cancers sont diagnostiqués trop tardivement alors qu’un examen visuel de la bouche par un chirurgien-dentiste aurait permis un dépistage précoce.
Un cancer qui touche la cavité buccale
Le cancer de la bouche ou cancer de la cavité buccale fait partie de la famille des cancers de la tête et du cou, aussi appelés cancers des voies aérodigestives supérieures. Il se caractérise par l’apparition, le développement et la propagation de cellules anormales dans la cavité buccale.
Il affecte principalement :
- l’intérieur de la bouche : incluant la langue, la muqueuse qui tapisse l’intérieur des joues, le plancher buccal (sous la langue), le plafond buccal (palais dur) et le palais mou;
- les gencives;
- les lèvres (supérieure et inférieure);
- les glandes salivaires;
- les amygdales;
- la gorge ou le pharynx, composé du nasopharynx, de l’oropharynx et du laryngopharynx (aussi connu sous le nom d’hypopharynx).
Bon nombre de cas de cancers oraux prennent naissance directement dans la bouche lorsqu’un ou plusieurs facteurs de risque sont réunis. D’autres prennent naissance ailleurs dans le corps, comme par exemple dans la cavité nasale ou les sinus, et se propagent jusqu’à la bouche sous forme de métastases.
Un cancer, situé sur la langue ou sur le plancher buccal, produit souvent et rapidement des métastases à distance, c’est-à-dire qu’il se propage dans d’autres régions du corps, comme les ganglions lymphatiques du cou.
Les symptômes les plus fréquents du cancer de la cavité buccale est un ulcère ou une lésion dans la bouche ou sur la lèvre qui ne guérit pas ou une douleur dans la bouche qui ne disparaît pas.
D’autres signes ou symptômes existent, comme :
- Au niveau de la bouche
- Des plaques blanches (leucoplasie)
- Des plaques rouges (érythroplasie)
- Des plaques teintées de blanc et de rouge (érythroleucoplasie)
- Un engourdissement ou perte de sensation sur la langue ou les lèvres
- Une masse sur les lèvres, dans la bouche ou sur la langue
- Un saignement
- Une enflure des glandes qui produisent la salive
- Une enflure de la mâchoire
- Au niveau des dents
- Des dents qui bougent
- Des prothèses dentaires qui ne sont plus bien ajustées
- Au niveau des joues
- Un épaississement du revêtement interne (muqueuse buccale)
- Au niveau des oreilles
- Un mal d’oreille qui ne disparaît pas
- Au niveau du cou
- Une enflure des ganglions lymphatiques du cou (ganglions lymphatiques cervicaux)
- Autres symptômes
- Une difficulté à articuler les mots
- Des changements de la voix
- Une douleur quand vous avalez
- Une perte de poids
Comme tous les autres types de cancer, plusieurs facteurs augmentent les risques de développer des cancers de la bouche. Et, lorsque certains facteurs se combinent, le pourcentage de risque de développer un cancer buccal est encore plus grand. Heureusement, certains peuvent être évités.
Le tabac, facteur de risque le plus important.
Le tabac, sous toutes ses formes (cigarette, tabac à priser, tabac à mâcher, cigare, pipe, etc.), augmente les risques de cancer de la bouche surtout lorsque sa consommation est grande et sur une longue période.
Toutes les structures anatomiques (lèvres, gencives, intérieur des joues, langue, pharynx, etc.) peuvent développer des lésions précancéreuses et cancéreuses au contact de la fumée de produits du tabac ou le tabac sans fumée.
La consommation fréquente et/ou excessive d’alcool
La consommation fréquente ou excessive d’alcool sous toutes ses formes (spiritueux, vin rouge, vin blanc, bière, etc.), surtout sur une longue période, représente également un facteur de risque important dans le développement d’un cancer buccal.
Des études démontrent d’ailleurs que le tabagisme et la consommation d’alcool combinés constituent un duo explosif en matière de risque de cancer de la bouche. Certaines études avancent même que les deux substances consommées ensemble peuvent augmenter le risque d’environ 30 fois.
Autres facteurs non négligeables
- Certains produits à mâcher : tels que le bétel, le paan et la noix d’arec, très populaires dans certains pays en Asie et au Moyen-Orient, comme l’Inde et le Pakistan;
- Des antécédents d’états précancéreux, tels que la leucoplasie, l’érythroplasie, l’érythroleucoplasie ou encore la fibrose sous-muqueuse buccale (tissu cicatriciel attribué à la chique de noix de bétel). Ces derniers ne dégénèrent pas nécessairement tous en cancer de la cavité buccale, mais le risque est tout de même accru en leur présence;
- L’affection chronique appelée lichen plan et l’apparition d’ulcères à l’intérieur de la bouche, surtout s’ils y demeurent longtemps sans être traités
- Une alimentation pauvre en fruits et en légumes. La protection que ces aliments procurent contre le cancer buccal viendrait, selon certaines études, des caroténoïdes dont ils sont composés;
- Le virus du papillome humain (VPH), en particulier les souches VPH-16 et VPH-18, lorsqu’il est contracté à la suite de pratiques de sexe oral avec un(e) partenaire ayant été infecté(e) lors de contacts sexuels antérieurs. Les structures anatomiques les plus vulnérables au VPH sont la racine (la base) de la langue dans le fond de la bouche, les amygdales, le palais mou et l’oropharynx. Une lésion ou une décoloration affectant ces parties du corps ne sont pas visibles directement et ne peuvent pas être détectées aussi facilement par un(e) personne qui en est atteint(e) que pour d’autres parties de la cavité buccale, telles que les gencives, la partie antérieure de la langue et les lèvres.
- Un système immunitaire affaibli ou compromis, après la prise de certains médicaments, une greffe d’organe, une maladie ou encore une réaction du greffon contre l’hôte (GVH) à la suite d’une greffe de cellules souches;
- Un historique d’autres cancers, en particulier un autre cancer buccal, mais aussi d’autres cancers affectant des structures situées près de la bouche, telles que le larynx, l’œsophage et les poumons, ainsi que le cancer du col de l’utérus chez les femmes;
- Certaines prédispositions génétiques, surtout lorsqu’un parent, un frère, une sœur ou un enfant a déjà souffert d’un carcinome épidermoïde dans la cavité buccale;
- Prédisposition selon l’âge : les personnes âgées de plus de 45 ans sont plus à risque, avec un risque plus accru après 60 ans. Et selon le sexe, les hommes sont généralement deux fois plus touchés que les femmes.
- Le soleil et les rayons ultraviolets (UV), surtout si les lèvres y sont exposées régulièrement et de façon prolongée sans protection adéquate. Exemple : avec un baume à lèvres contenant un facteur SPF d’au moins 15).
Le saviez-vous ?
Le tabac et l’alcool, à eux seuls, seraient responsables d’environ 75% des cas de cancers buccaux et du pharynx (gorge).
Idée N° 1 : Arrêtez de fumer
Arrêtez de fumer et de consommer tout produit du tabac. Plusieurs professionnels de la santé, dont votre médecin de famille, votre dentiste et votre pharmacien.ne, peuvent vous aider à relever ce défi.
Le risque de développer un cancer buccal après avoir arrêté de consommer du tabac diminue, mais demeure toutefois plus élevé que chez un non-fumeur pendant 10 à 20 ans. Pour vous aider à arrêter de fumer consultez notre rubrique Addictologie au tabac.
Idée N° 2 : N’abusez pas de l’alcool
Comme c’est le cas pour le tabac, le risque est élevé chez les personnes consommant fréquemment de l’alcool, et ce, pendant plusieurs années. Pour vous aider à arrêter de boire, consultez notre rubrique Addictologie à l’alcool.
Idée N°3 : Visitez votre dentiste régulièrement
Le dentiste est le professionnel de la santé le mieux outillé pour effectuer un examen visuel et tactile complet de votre bouche et déceler des lésions suspectes le plus précocement possible.
Si vous remarquez un changement dans votre bouche (couleur, texture des tissus, altération du goût…) n’attendez pas et consultez un dentiste le plus rapidement possible pour évaluer toute lésion ou tout signe alarmant.
Idée N°4 : Protégez vos lèvres des rayons UV du soleil
Ne sortez pas dehors sans avoir au préalable appliqué un baume à lèvres contenant un facteur SPF pour bloquer les rayons UV nocifs du soleil.
Idée N°5 : Mangez équilibré
Assurez-vous d’avoir une diète équilibrée avec beaucoup de fruits et de légumes. Plusieurs études ont conclu qu’un niveau élevé de vitamine C et de carotène aide à réduire le risque du cancer de la cavité buccale. Pour plus d’informations sur une alimentation équilibrée, consultez notre rubrique manger mieux bouger plus.
Si une lésion s’avère cancéreuse, des traitements sont possibles selon l’état de santé de la personne, l’endroit où la tumeur est située et le stade du cancer.
Radiothérapie, chirurgie oncologique
La radiothérapie ou une chirurgie oncologique, voire une chimiothérapie peuvent être prescrites
afin d’
- Endiguer le cancer, dans le cas où il est détecté tôt
- Diminuer suffisamment la taille de la tumeur afin de prolonger la vie de la personne, dans le cas où le cancer est déjà à un stade avancé de la maladie.
Des combinaisons de radiothérapie et de chimiothérapie, ou encore, de chirurgie et de radiothérapie sont souvent utilisées pour les stades avancés d’un cancer buccal.
La chimiothérapie seule, quant à elle, est un traitement rarement envisagé pour ce type de cancer.
Interventions bucco-dentaires
Selon la santé bucco-dentaire du patient, certaines interventions peuvent être réalisées avant des traitements de radiothérapie, telles que
- Extraction de dents irrécupérables
- Réparation d’obturations (plombages) défectueuses
- Traitement endodontique
- Restauration de dents abîmées
- Fluoruration des dents
- etc.
Un partenariat étroit entre votre dentiste et un radio-oncologue qui administre les traitements de radiothérapie doit alors s’établir rapidement afin de minimiser les effets secondaires des traitements, tout en tentant de préserver le plus de structures buccales possible dans le processus.