Le cannabis, qu'est-ce que c'est ?
Le cannabis est une plante originaire des régions équatoriales présente dans la plupart des régions du monde. C’est aussi la drogue illicite la plus largement consommée en Nouvelle-Calédonie. Dans notre pays, l’usage, la revente et la production de cannabis est illégale et réprimé par la loi.
Les méfaits du cannabis sont nombreux. Sa fumée contient de nombreuses substances cancérigènes. Certaines études récentes montrent que la fumée d’un joint d’herbe, même consommé sans tabac, dégage 6 à 7 fois plus de goudron et de monoxyde de carbone que celle d’une cigarette.
Le principe actif du cannabis, le T.H.C (tétrahydrocannabinol), contenu dans toutes les parties de la plante est responsable de perturbations qui agissent sur le cerveau du consommateur. C’est ce que l’on appelle une substance psycho-active.
Le cannabis altère le fonctionnement du cerveau. Il entraine une modification de la perception de la réalité, de l’humeur et de la conscience et peut engendrer chez certaines personnes des idées délirantes, des sentiments de persécution et entrainer des mauvais délires (« bad trips »). Les consommateurs peuvent déclencher une psychose cannabique (état confusionnel de la pensée avec parfois des hallucinations visuelles et auditives). Le responsable est le T.H.C. contenu dans le cannabis.
Le cannabis récolté en Nouvelle-Calédonie est bien plus nocif du fait de sa haute teneur en T.H.C. de sa faible teneur en cannabidiol et des sols miniers chargés de métaux lourds tels que nickel et chrome. C’est un produit à risque sur le plan de la santé mentale et susceptible de favoriser le développement de maladies comme la schizophrénie.
La consommation croît régulièrement et les jeunes s’y initient de plus en plus tôt.
Concernant la consommation des jeunes, il ressort des résultats du Baromètre Santé Jeune realisé en 2014 que l’expérimentation augmente en fonction de l’âge : 7 % des 10-12 ans ont déjà consommé du cannabis, 17% des 13-15 ans et entre 32% et 46% des 16-18 ans.
L’âge médian de l’expérimentation du cannabis se situe à 14-15 ans sans différence significative entre les filles et les garçons.
Les données de 2014 indiquent également que 14% des jeunes de 10 à 18 ans auraient consommé du cannabis au cours des 30 derniers jours, parmi lesquels 11% déclarent une consommation occasionnelle (moins de dix occasions dans le mois) et 3% déclarent une consommation régulière (dix occasions ou plus dans le mois).
Dans le cadre de la réalisation du baromètre santé en 2015 c’est près d’un adulte sur 2 de moins de 60 ans interrogé qui déclare avoir déjà fumé du cannabis au cours de sa vie, alors que 20 % des 18-24 ans déclarent en consommer au moment de l’enquête.
Actuellement, une nouvelle enquête dans le cadre du Baromètre Santé jeunes 2019 est en cours de réalisation sur le territoire. Elle permettra d’apporter des données mises à jour relatives au contexte actuel de consommation de cannabis en Nouvelle-Caledonie.
Toute consommation de cannabis est une consommation à risque. A l’adolescence, la consommation de cannabis est d’autant plus dangereuse que la maturation du cerveau n’est pas terminée, les neurones sont fragiles et hyper sensibles aux substances toxiques.
Les effets de la consommation de cannabis varient d’une personne à une autre, en fonction :
- De la quantité fumée
- De la concentration en THC, principe actif du cannabis
- Du contexte de la consommation
- De l’état physique et psychique de la personne au moment où elle fume.
Immédiatement après la consommation, peut apparaître un état de détente, de bien être, voire d’euphorie, qui s’accompagne d’une modification des sens et des perceptions.
Les effets ressentis dépendent de la perception de chacun. Néanmoins, l’action du THC sur le cerveau dure environ 12h, période durant laquelle le corps, les réflexes, l’attention, la coordination et les sens sont modifiés.
Les principaux effets physiques de la prise de cannabis peuvent provoquer :
- Une irritation des bronches générée par la fumée du cannabis
- Une augmentation du rythme cardiaque (tachycardie) quelques minutes après la prise de cannabis
- Une diminution de la salivation ( bouche sèche)
- Un gonflement des vaisseaux sanguins ( yeux rouges)
- Parfois des douleurs à l’estomac peuvent survenir de même qu’une sensation de nausée
- Une diminution de l’attention et des réflexes, des difficultés de concentration, une mauvaise coordination des mouvements
Certains effets souvent mal perçus par les consommateurs ont des conséquences importantes au quotidien et révèlent l’existence d’un usage nocif du cannabis.
Selon l’usage, les risques augmentent.
La précocité de la consommation, la régularité et les quantités de cannabis consommées, sont les principaux facteurs de risques.
Plus on commence jeune à consommer du cannabis, plus les risques de Santé et de devenir « accro » s’accentuent. Ils augmentent d’autant plus que l’on consomme de manière régulière et de façon intense.
La consommation occasionnelle de cannabis
La consommation occasionnelle de cannabis se caractérise par une fréquence de consommation de l’ordre de moins de 10 joints fumés par mois. La consommation reste ponctuelle et ne fait pas partie d’un geste ordinaire qui serait devenu une habitude. Elle poursuit généralement un but récréatif et a le plus souvent lieu en groupe. La consommation occasionnelle, même si elle est récréative et modérée, reste dangereuse. Il ne faut pas en négliger les effets nocifs.
Les risques :
Comme pour toute consommation qui influe sur le cerveau, les dangers sont réels quelque soit l’âge du consommateur. Les effets du cannabis même sur une seule prise modifient le fonctionnement du cerveau. Ils ralentissent le temps de réaction, modifient le champ visuel et les autres sens, ce qui ne permet pas de contrôler et de coordonner les trajectoires et les mouvements. Les réflexes sont inadaptés en cas de danger et d’urgence puisque le consommateur n’est pas en capacité de tous ses moyens physiques et psychologiques.
Ces modifications du fonctionnement du cerveau augmentent les risques pour plusieurs heures :
- Risques accidentogènes : conduite d’un moyen de transport, manipulation et utilisation de matériaux de travail, machines, outils, chutes, …
- Risques de malentendus, de violence : disputes, insultes, bagarres, …
- Risques sexuels : relations non protégées, non consenties, …
- Sentiment de toute puissance qui transforme la réalité et la perception de la situation vécue et peut vous mettre en danger ;
D’autres manifestations peuvent également apparaître :
- Diminution de la capacité à réfléchir, difficultés de concentration, altération du jugement ;
- Difficultés à se repérer dans le temps ;
- Troubles de l’humeur, anxiété, agressivité, confusion… jusqu’au mauvais délire, appelé «bad trip».
Le Bad-trip, qu’est ce que c’est ?
L’expression anglaise « bad trip » veut dire « mauvais voyage ». Le « bad trip » est une expérience désagréable, une sensation de malaise voire de mort imminente due à une intoxication aigüe au cannabis. C’est une forme « d’attaque de panique » qui survient brutalement et qui peut durer plusieurs heures.
Ça arrive à qui ?
Cela peut arriver à tout le monde !
Tous les consommateurs, occasionnels ou réguliers, prennent ce risque quelle que soit la dose ou la fréquence de la consommation. Bien évidemment, plus le nombre de joints fumés est important, plus la concentration en THC est importante et plus le risque augmente. Si le consommateur est en plus dans de mauvaises conditions psychologiques, fatigué, anxieux ou qu’il l’associe à de l’alcool, ce risque augmente davatange.
Ça arrive quand ?
Cela peut arriver dès la première expérience avec le cannabis, ou après 1 an, 2 ans, 5 ans de consommation, voire plus. Dans une enquete INSERM realisée en Nouvelle-Caledonie et publiée en 2008, 27 % des jeunes caledoniens agés de 22 à 27 ans ayant deja consommé du cannabis déclarent avoir déjà connu le « bad trip »
Le « Bad trip » peut survenir rapidement après la prise du produit, au moment de la « montée » ou bien plusieurs heures après. Personne ne peut le savoir à l’avance, mais le risque est bien réel pour toute consommation.
Il faut considérer que la prise d'alcool et de cannabis cumulée aggrave considérablement l’ensemble des risques et notament le risque de faire un bad trip, même si l'alcool a été consommé à faible dose.
La consommation régulière du cannabis :
La consommation devient d’autant plus dangereuse et le risque de devenir accro au cannabis d’autant plus important que l’usage devient régulier et abusif.
L'usage régulier du cannabis (plus de 10 fois par mois) va progressivement entraîner, en plus des risques liés à la consommation occasionnelle, des dommages cognitifs, motivationnels, sociaux, scolaires et des risques sur la santé physique et mentale encore plus importants.
Les principales conséquences :
- Une perte de la mémoire à court terme, c’est-à-dire une perte des souvenirs récents. « On ne sait plus où sont ses clés, son mobilis, ou encore son lecteur MP3 »... ;
- Des troubles de la concentration, de la planification et de l’organisation des tâches qui vont entrainer des diffcultés scolaires et professionnelles
- Une baisse de QI (quotient intellectuel) à plus long terme, selon certaines études récentes
- Une perte de motivation et d’élan, « on n’a plus goût à rien et envie de rien faire »
- Une perte d’intérêt et un désinvestissement pour les autres activités que l’on avait avant (la musique, le sport, les sorties en famille, en couple…)
- Des troubles de l’humeur et de l’anxiété, détachement, nervosité, agressivité, changements d’humeurs
- Un isolement progressif et un repli sur soi « on s'éloigne de ses amis, de sa famille »
- Une détresse psychologique et un mal être, « on broie du noir, developpe des pensées negatives sur soi même, perd confiance en soi ». Ce mal être peut être associé à des idées suicidaires.
Chez certains consommateurs, la consommation régulière de cannabis peut déclencher, révéler des maladies psychiatriques telle que la schizophrénie ou aggraver d’autres pathologies comme la dépression. La consommation régulière de cannabis traduit souvent un besoin : s’éloigner de la réalité, mettre à distance certaines pensées, trouver le sommeil…Elle peut créer une réelle dépendance.
La dépendance au cannabis
Il est scientifiquement prouvé que plus l'on commence à fumer du cannabis tôt, plus il y a de risques de devenir dépendant par la suite.
Le cannabis n’induirait pas de dépendance physique du consommateur. La dépendance physique se définie par un besoin irrépressible, obligeant l'usager à la consommation de la substance pour éviter le syndrome de manque lié à la privation du produit.
Néanmoins, on peut constater chez les consommateurs réguliers de cannabis, l’apparition de troubles du sommeil, une modification importante de l’humeur et un état anxieux prononcé à l’arrêt du produit.
La consommation de cannabis génère une forte dépendance psychique et comportementale. Elle se manifeste par un besoin de retrouver les sensations de plaisir, de bien-être, mais aussi d’éviter la sensation de malaise psychique qui survient lorsque le sujet n’a plus son produit.
Cette dépendance psychique se manifeste par ce qu’on appelle le « craving ». C’est une forte compulsion à vouloir fumer, contre la raison et la volonté, expression d’un besoin majeur difficilement contrôlable qui va générer chez le consommateur une perte de contrôle de sa consommation.
Le « craving » du verbe anglais « to crave » qui signifie « avoir terriblement besoin », peut survenir à n’importe quel moment, notamment en fonction des habitudes du consommateur qui sont parfois devenus des comportements conditionnés. Certains contextes, moments de la journée, émotions perçues, vont génèrer à eux seuls cette forte envie de fumer, si l’usager avait pris l’habitude d’y associer la consommation de cannabis.
C’est ce craving pour le cannabis qui rend difficile pour les consommateurs dépendants de réduire ou d’arrêter la consommation. Le craving peut persister des semaines, voire des mois après l’arrêt de la substance. Il y a cependant des solutions et on peut se faire aider.
Que la consommation soit occasionnelle ou régulière, les risques du cannabis pour la femme enceinte et pour le bébé existent. Plus la consommation de cannabis est importante, plus les risques potentiels pour le bébé à naître sont grands.
Risques pour la mère et le fœtus :
Les mères qui fument régulièrement du cannabis pendant la grossesse risquent davantage d’accoucher prématurément et d’avoir des complications à la naissance. Le bébé peut présenter un retard de croissance important.
La concentration de cannabis dans le sang du bébé est au moins égale à celle de la mère et à la naissance le nouveau-né se retrouve brutalement sevré du cannabis. Il risque de manifester un syndrome de manque marqué par un état d’agitation et d’anxiété important à la naissance.
Risque pour l’enfant et le futur adolescent liés à l’exposition pré-natale au cannabis :
Le cannabis peut avoir des effets néfastes sur le développement physique, psychologique, neurologique et cognitif de l’enfant. Il affecte le cerveau du bébé à naître et son développement va être altéré.
Il a été prouvé que l’exposition prénatale au cannabis est associée à des effets défavorables sur le développement cognitif et la réussite scolaire. Déficits de l’attention, trouble de l’apprentissage, de la mémoire, augmentation de l’hyperactivité et de l’impulsivité.
Il y a également des répercussions sur le comportement du bébé, une propension exagérée à sursauter et une diminution des pleurs chez les nouveau-nés.
Les données probantes des dernieres enquêtes indiquent une augmentation de la probabilité de tabagisme, de toxicomanie et de délinquance chez la population adolescente exposée au cannabis avant la naissance.
La consommation de cannabis, tout comme celle de l'alcool et du tabac, est à proscrire durant la grossesse.
Au niveau international, il existe plusieurs conventions sur les stupéfiants. Globalement, il y a une condamnation générale du trafic de stupéfiants. Certains pays prévoient même des peines pouvant aller jusqu’à la prison à vie.
En Nouvelle-Calédonie, le cannabis est illégal. Il est considéré comme un produit illicite, classé stupéfiant au niveau international.
Son usage, sa culture, sa détention, sa vente ou sa donation à titre gratuit sont interdits. La loi réprime de plus l’incitation à l’usage, ne serait-ce qu’en portant un tee-shirt où figure une feuille de cannabis. L’incitation des mineurs est encore plus lourdement sanctionnée. En cas de découverte de cannabis lors d’une perquisition de la police au domicile familial (caché dans la chambre de l’enfant par exemple), la responsabilité des parents peut être engagée.
La loi distingue la consommation, la possession et le trafic de cannabis.
Quelle que soit la condamnation, elle pèse lourd puisqu’elle est inscrite dans le casier judiciaire. Ainsi, une condamnation pour l’usage ou le trafic de stupéfiants peut avoir des conséquences sur la vie professionnelle future du jeune.
Cela peut par la suite empêcher l’accès à certains emplois (travailler auprès d’enfants, dans la fonction publique etc…).
Concernant la conduite de vehicule, ne prenez pas le volant après avoir consommé du cannabis, même après plusieurs heures.
- Pour une personne qui a consommé du cannabis, tenter de le dissuader de conduire, même après plusieurs heures. La loi du 3 février 2003 punit de deux ans d'emprisonnement et 537 000 CFP d'amende toute personne ayant conduit sous influence de substances ou plantes classées comme stupéfiants.
- Si la personne se trouvait également sous l'emprise de l'alcool (0,5g d'alcool par litre dans le sang), les peines sont portées à trois ans d'emprisonnement et 1 074 000 CFP d'amende. Des contrôles avec un dépistage d'usage de stupéfiants peuvent être réalisés par les policiers et les gendarmes.
Comme l’indique le guide de bonne conduite édité par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, il n’y a pas de drogues « douces » au volant. Aucune substance psyoactive (exp : cannabis) n’est compatible avec la conduite d’un véhicule en raison de leurs effets. Leur consommation est interdite par la loi.