Une volonté politique
L’engagement des acteurs politiques du pays est un élément essentiel dans la lutte contre les problèmes de santé publique tels que le RAA. Aussi, par la délibération n°490 du 11 août 1994, le congrès de la Nouvelle-Calédonie a institué le rhumatisme articulaire aigu comme l’un des thèmes prioritaires de prévention.
La mise en place d’une politique sanitaire efficace et évaluable, nécessite de disposer de données épidémiologiques fiables (prévalence / incidence), d’où la nécessité d’un recueil centralisé des cas. La délibération n°490 a donc classé le RAA et la CRC parmi les maladies à déclaration obligatoire, donnant lieu, en 1999, au premier recensement de cas, puis à la création d’un registre, dont les modalités de fonctionnement sont fixées par la délibération n°423 du 26 novembre 2008 relative aux maladies à déclaration obligatoire et les arrêtés n°2009-1271 GNC du 17 mars 2009 et n°2009-1279 GNC du 17 mars 2009.
Le RAA et la CRC sont également des pathologies prises en charge à 100 % au titre de la longue maladie, y compris pour le traitement de l’angine streptococcique.
Un panier de soins a été défini, comprenant un certain nombre de consultations de médecine générale, dentaires et cardiologiques avec notamment une échographie annuelle, ainsi que les traitements médicaux, chirurgicaux et les soins dentaires.
Différents niveaux de prévention
Les stratégies de lutte contre le RAA et la CRC se déclinent en plusieurs niveaux d’intervention :
- La prévention primordiale consiste à mettre en œuvre des politiques publiques visant à intervenir sur les conditions socio-économiques afin de limiter l’exposition au streptocoque. Il s’agit en particulier de lutter contre le surpeuplement des ménages et d’améliorer la salubrité des logements.
- La prévention primaire, s’attache à favoriser l’accès aux soins et promouvoir le traitement des pharyngites à SGA par un traitement antibiotique, avant que le RAA n’apparaisse.
- La prévention secondaire vise à réduire les conséquences du RAA (le développement d’une CRC ou son aggravation) à travers plusieurs interventions, dont :
- Son diagnostic précoce et le recensement des cas de RAA et de CRC afin de suivre les évolutions de la situation sanitaire et favoriser un meilleur suivi des personnes diagnostiquées
- La prévention des récurrences des pharyngites à SGA et des épisodes de RAA par l’administration d’une antibioprophylaxie secondaire pour les personnes à haut risque de rechute de RAA (personnes ayant déjà eu une poussée de RAA ou chez lesquelles une CRC a été diagnostiquée).
- Le dépistage précoce de la CRC afin de la traiter, d’en limiter ou d’en réduire la gravité.
- La prévention tertiaire s’applique à la prise en charge médicale et chirurgicale de la CRC pour en réduire les symptômes, le handicap qui en découle et prévenir la mort prématurée.
La prévention primordiale et la prévention primaire visent à éviter l’apparition du RAA, en agissant sur les conditions socio-économiques et en favorisant le traitement de l’angine streptococcique, tandis que la prévention secondaire et la prévention tertiaire s’attachent à éviter les rechutes de RAA, à en limiter ses conséquences (invalidité) et la progression de la CRC.
La prévention et le contrôle du RAA et de la CRC relèvent d’initiatives qui dépassent largement le champ du sanitaire, en particulier dans le cadre de la prévention primordiale qui vise à réduire l’incidence du RAA en agissant sur les facteurs de risque. Une synergie de mesures sociales, économiques, environnementales et sanitaires sont nécessaires pour mettre en place une stratégie de contrôle efficace. De même les actions de prévention primaire et secondaire réclament une coopération étroite plurisectorielle dans leur mise en œuvre : secteur de la santé vs secteur de l’enseignement, secteur public, vs secteur libéral…
Un programme coordonné à l’échelle du territoire
Dans le cadre de sa mission de mise en œuvre des programmes de prévention prioritaires décidés par la Nouvelle-Calédonie, la coordination du programme de lutte contre le RAA et la CRC a été confiée à l’ASS-NC, sous la tutelle de la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales de la Nouvelle Calédonie (DASS-NC), en 2001.