Comme tout acte médical, le dépistage du cancer du sein présente à la fois des bénéfices et des limites. L’impact du dépistage sur la diminution de la mortalité par cancer du sein a fait l’objet de débats, en particulier concernant ses effets négatifs notamment en matière de surdiagnostic et de surtraitement. Depuis, les preuves de l’intérêt du dépistage organisé du cancer du sein se sont multipliées ( Zielonke N, Kregting LM, Heijnsdijk EA, Veerus P, Heinävaara S, McKee M, et al. The potential of breast cancer screening in Europe. Int J Cancer 2021;148(2):406-18).
La décision de s’engager dans une démarche de dépistage reste tout de fois un choix personnel : il est important de prendre connaissance des bénéfices et des limites de cette démarche de dépistage avant de décider ou non d’y participer.
Les avantages du dépistage
En France, les Centres Régionaux de Coordination des Dépistages des Cancers gèrent le dépistage organisé du cancer du sein. La Nouvelle-Calédonie a fait le choix, dès 2008, de faire également bénéficier les calédoniennes de ce programme de santé publique.
Le dépistage permet de repérer une lésion avant l’apparition de symptômes et notamment de détecter des cancers de plus petite taille et moins évolués, avant qu’ils ne soient palpables.
La survie à 5 ans est de 88% pour un cancer du sein détecté à un stade précoce, elle est de 26 % pour un cancer métastasé.
Le traitement proposé pour traiter un cancer du sein dépend en partie du stade auquel il est découvert. Les cancers détectés à un stade précoce de leur développement permettent, en général, des traitements moins lourds et moins agressifs avec moins de séquelles (alternatives à la mastectomie par exemple).
L’organisation du dépistage du cancer du sein permet :
- D’informer les patientes de l’existence du dépistage organisé
- De leur fournir les coordonnées des centres de radiologie à contacter pour prendre rendez-vous
- De les inciter à se faire dépister, tout du moins à leur rappeler qu’elles sont bénéficiaires de ce dépistage
- De mettre en place un suivi régulier
- De s’assurer que la patiente rejoint un circuit de soin en cas de résultat positif
En complément du contrôle systématique des mammographes, tous les ans, le programme de dépistage organisé répond à des exigences de qualité strictes. Les professionnels de santé sont spécifiquement formés. Les clichés de mammographie jugés normaux sont relus par un second radiologue habilité à cette seconde lecture. Enfin, le programme est régulièrement évalué.
Les clichés de mammographie classés normaux en première lecture sont relus en seconde lecture par des radiologues spécialisés. Cette démarche permet de diminuer au maximum les « faux négatifs », c’est-à-dire les examens considérés comme normaux alors qu’il existe une anomalie non détectée.
Les limites du dépistage
Si le dépistage permet une détection précoce, il peut aussi présenter des inconvénients : le diagnostic et le traitement de cancers peu évolutifs.
Dans l'état actuel des connaissances scientifiques, le diagnostic ne permet pas de distinguer les cancers qui vont évoluer, et qui sont majoritaires, de ceux qui évolueront peu ou n'auront pas de conséquences pour la femme concernée (10 à 20 % des cancers détectés). Pour ces cancers, qui n'auraient pas été découverts en l’absence de mammographie, on parle de « surdiagnostic ». Il est par nature inhérent à tout acte de dépistage.
Par ailleurs, comme il n’est pas encore possible de prédire l’évolution d’une lésion cancéreuse au moment où elle est dépistée, il est souvent proposé, par précaution, de traiter l’ensemble des cancers détectés. Les chercheurs travaillent actuellement à identifier les cancers susceptibles d’être peu évolutifs pour proposer des traitements adaptés.
Comme toute radiographie, la mammographie expose à des rayons X.
L’exposition répétée à des rayons X peuvent conduire à l’apparition d’un cancer que l’on appelle cancer radio-induits.
C’est l’une des raisons pour lesquelles le dépistage est recommandé́ uniquement tous les deux ans et à partir de 50 ans si la femme n’a pas de de symptôme ou de facteurs de risque. Par ailleurs, après 50 ans, la composition des seins se modifie et les doses de rayons nécessaires à la mammographie sont plus faibles.
Le risque de décès par cancer radio-induit est de l’ordre de 1 à 10 pour 100 000 femmes ayant réalisé́ une mammographie tous les 2 ans pendant 10 ans. Le nombre de décès évités avec le dépistage est largement supérieur au risque de décès par cancer radio-induit.
À titre indicatif, si une femme suivait strictement la recommandation de participation au programme de dépistage organisé de 50 à 74 ans, elle réaliserait ainsi 13 mammographies. Son exposition aux rayonnements ionisants représenterait alors au total le quart de celle provoquée par un scanner abdominopelvien, acte très courant. Les mammographies représentent en France moins de 2 % de l’exposition totale de la population aux rayonnements ionisants.
Par ailleurs, la dose moyenne d’exposition aux rayonnements ionisants pour une mammographie est six fois inférieure à la dose moyenne d’irradiation naturelle de la population générale en France par an et par personne (2,4 m Sievert pour les rayonnements naturels vs 0,4 m Sievert pour une mammographie de dépistage - données issues de l'IRSN, « Exposition de la population française aux rayonnements ionisants liée aux actes de diagnostic médical en 2012 », Rapport PRP-HOM N°2014-6.
Les cancers de l’intervalle sont des cancers qui surviennent entre deux dépistages. Ces situations sont rares. Pour 1 000 femmes qui réalisent un dépistage, moins de deux d’entre elles développeront un cancer de l’intervalle. Il est intéressant d’apprendre à vos patientes d’effectuer les gestes d’autopalpation.
Si un premier résultat est communiqué immédiatement après la mammographie, la seconde lecture demande un délai supplémentaire, évalué à 15 jours environ.
Lorsque la mammographie met en évidence des anomalies, des examens complémentaires sont nécessaires pour établir un diagnostic. Dans la plupart des cas, il s'avère que les anomalies découvertes sont bénignes et qu'il ne s'agit donc pas d'un cancer. On parle alors de faux positif. Cependant, l'attente des résultats définitifs peut être mal vécue.
- Le faux positif : dans la plupart des cas, il s’avère que les anomalies découvertes sont bénignes et qu’il ne s’agit pas de cancer. On parle alors de faux positif.
- Le faux négatif : rarement, un cancer présent peut ne pas être repéré. La double lecture des clichés de la mammographie permet de réduire le nombre de faux négatifs.
Test de dépistage génétique
• Dans les familles où les cancers du sein sont fréquents, notamment chez des femmes jeunes, il permet de déterminer s’il y a des facteurs génétiques forts de cancer du sein qu’on appelle BRCA1 et BCRA2.
• Ce test coûteux et très long est réservé à la détection des risques héréditaires de cancer du sein. Si des membres de la famille de votre ont eu des cancers du sein, de l’ovaire ou du pancréas, vous pouvez orienter vers une consultation.